Le baptistère de Courtion

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Le couvercle du baptistère de Courtion

Il est riche en symboles, le couvercle moderne de l’artiste Antoine Claraz qui recouvre le baptistère de Courtion. Nous pouvons retenir trois éléments, que l’on rattache à la liturgie du baptême.

La première figure qui frappe est la grande colombe aux ailes déployées. Les quatre évangélistes parlent de la colombe de l’Esprit. Les trois premiers évangélistes (Matthieu, Marc et Luc) expliquent que l’Esprit est descendu sur Jésus après son baptême, sous l’apparence d’une colombe. Jean quant à lui dit que l’Esprit est descendu comme une colombe sur celui qui baptise dans l’Esprit, sans pour autant affirmer qu’il a lui-même baptisé Jésus. Les quatre évangélistes se retrouvent pour lier l’Esprit à la colombe, mais ils ne confondent pas l’Esprit à un volatile. Il est « comme » une colombe. Ce n’est pas un pigeon !

On s’est demandé à quoi la colombe de l’Esprit fait allusion. La première explication la renvoie à la colombe lâchée par Noé pour voir si le déluge avait cessé. Cependant, il ne semble pas que cette explication soit convaincante. Selon les spécialistes, la colombe ferait plutôt allusion au début de la Bible, au premier récit de la création, où l’on dit que « le souffle de Dieu planait à la surface des eaux » (Genèse 1,2). Certaines traditions juives voyaient une colombe dans le souffle, l’Esprit de Dieu qui planait sur les eaux. Ainsi, la colombe du baptême de Jésus voudrait dire qu’avec Jésus commence une nouvelle création. Jésus veut créer une humanité nouvelle, qui chante le cantique nouveau dans l’alliance nouvelle.

A Courtion, en dessous de la colombe, un relief passe inaperçu. Nous ne l’avons découvert que très récemment. Il s’agit de deux cerfs qui se font face et qui boivent à l’eau figurée par quatre bandes s’écoulant du centre du couvercle jusqu’à son extrémité antérieure. On représente souvent des cerfs dans l’iconographie chrétienne. Ils font allusion à un psaume qui annonce le baptême : « Comme un cerf altéré cherche l’eau vive, ainsi mon âme te cherche toi, mon Dieu. Mon âme a soif de Dieu, le Dieu vivant ; quand pourrai-je m’avancer, paraître face à Dieu ? » (Psaume 41,2-3).

Nous avons dit que les cerfs viennent boire à un flot d’eau symbolisé par quatre bandes. Ces dernières symbolisent-elles les quatre fleuves du paradis terrestre ? ou bien les quatre évangélistes, qui comblent notre soif spirituelle par le message de Jésus ? Retenons que ces quatre bandes apparaissent trois fois. Ces trois cours d’eau signifieraient ainsi la Trinité. Saint Jérôme ne nous contredirait pas, lui qui affirme voir trois sources dans l’Eglise, le Père, le Fils et l’Esprit : « Sur le Père, qui est une source, il est écrit dans Jérémie : Ils m’ont délaissé, moi, la source d’eau vive, et ils se sont creusé des citernes lézardées, qui ne gardent pas l’eau. Sur le Fils, il y a ce passage : Ils ont abandonné la source de la sagesse. Et sur le Saint-Esprit : Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, il jaillira en lui une source jaillissante pour la vie éternelle. Cette parole se comprend aussitôt, puisque l’Évangéliste nous dit que le Sauveur parlait alors du Saint-Esprit. »

Avons-nous soif de la vraie vie ? Avons-nous soif des fleuves d’eau vive, c’est-à-dire de Dieu ? Que le relief du baptistère de Courtion nous aide à faire revivre en nous le sens de notre baptême.