L'inscription INRI

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Nous avons déjà parlé des représentations du soleil et de la lune accompagnant la croix du cimetière de Belfaux. Évoquons aujourd’hui un détail plus fréquent de nos crucifix, l’inscription INRI, qui surmonte la figure du Crucifié. Ces quelques lettres mystérieuses constituent en fait un acronyme. Ce sont les débuts de quatre mots : « Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum » ; « Jésus de Nazareth, le Roi des Juifs. » Jusqu’il y a peu en effet, le I et le J étaient interchangeables.

L’inscription INRI provient de la Bible. Les quatre Évangiles nous disent que la croix de Jésus portait le motif de sa condamnation. Les textes diffèrent un peu entre eux. Allons dans l’ordre de gradation. Pour saint Marc, il est écrit : « Le roi des Juifs » (Mc 15,26). Pour saint Luc : « Celui-ci est le roi des Juifs » (Lc 23,38). Pour saint Matthieu : « Celui-ci est Jésus, le roi des Juifs » (Mt 27,37). Saint Jean enfin possède l’expression la plus longue : « Jésus le Nazaréen roi des Juifs » (Jn 19,19). En outre, pour saint Jean, l’expression est écrite en hébreu, en grec et en latin.

Les spécialistes pensent que la mention du motif de la condamnation de Jésus est un détail qui témoigne hautement en faveur de l’historicité de la passion du Christ. Les Romains en effet aimaient faire porter à un supplicié un titulus, un texte expliquant la raison pour lequel il subissait son sort. En revanche, que le titulus soit placé en dessus de la tête d’un crucifié, comme c’est le cas pour Jésus, n’est pas attesté ailleurs que dans le Nouveau Testament.

Parmi les quatre textes différents du titulus, celui de Jean est le plus célèbre. Mais comme il a été trop difficile de faire figurer sur les crucifix l’entier du texte du quatrième évangile – et de plus en trois langues – on a préféré le montrer de manière abrégée, sous forme d’acronyme.

L’expression INRI a fait travailler l’imagination de nombreuses personnes. On lui a proposé des significations diverses, souvent ésotériques. D’après une interprétation, on pourrait y voir les premières lettres des mots hébreux désignant les quatre éléments, l’eau, le feu, l’air et la mer, rapprochement intéressant qui montre la dimension cosmique de l’œuvre du Christ. Cependant, ces lectures sont secondaires voire négligeables. INRI est bien un titre qui s’applique à Jésus réellement crucifié et, ajoute la foi, réellement ressuscité, le roi des Juifs et le roi du monde.