Les symboles des quatre Évangélistes

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Nous retrouvons dans nos trois églises les animaux ou plutôt les vivants qui accompagnent les quatre Évangélistes : à l’autel sculpté de Courtion (photographies), sur les vitraux de la nef de Grolley, à la porte principale et sur les tableaux du chœur de Belfaux. Cette symbolique est ancienne et provient de la Bible. Depuis la fin du 4e siècle, elle désigne les Évangélistes de la manière suivante : Matthieu / homme, Marc / lion, Luc / taureau, Jean / aigle. C’est le tétramorphe (du grec tétra = quatre et morphè = forme).

Dans son chapitre inaugural, le prophète Ézéchiel décrit une vision grandiose et complexe, avec quatre êtres à quadruple face : « Leurs visages ressemblaient à un visage d’homme ; tous les quatre avaient, à droite une face de lion, à gauche une face de taureau, et tous les quatre avaient une face d’aigle » (Éz 1,10). Ces vivants ont des ailes et des roues, ils avancent dans tous les sens et constituent une sorte de char divin triomphal. Le prophète, qui habite Babylone, est influencé par les représentations d’animaux ailés de la religion mésopotamienne qui passaient comme des génies, intermédiaires entre les hommes et les dieux. Ézéchiel les met au service du Dieu d’Israël.

Le symbolisme des quatre vivants devant le trône de Dieu se retrouve dans l’Apocalypse. Leur représentation est plus claire. Chacun ne possède plus qu’un visage : « Le premier animal ressemblait à un lion, le deuxième à un jeune taureau, le troisième avait comme une face humaine, et le quatrième semblait un aigle en plein vol » (Ap 4,7). L’auteur ne pense pas à ce moment aux quatre Évangélistes, mais plutôt à la totalité de la création de Dieu, représentée par quatre êtres divers et prestigieux.

Au 2e siècle de notre ère, saint Irénée est le premier auteur connu à lier les vivants et les Évangélistes, dans son ouvrage intitulé Contre les hérésies (III,11,8).

A la fin du 4e siècle, nous avons les premiers témoignages du système désormais retenu par la tradition : Matthieu / homme (homme ailé, et non pas ange), Marc / lion, Luc / taureau, Jean / aigle. Dans le prologue de son commentaire de Matthieu, saint Jérôme explique que la figure de l’homme désigne Matthieu car il commence son texte par la généalogie du Christ. Le lion désigne Marc car son Évangile débute au désert, habitat classique du lion. Le taureau correspond à Luc parce qu’il parle du prêtre Zacharie au temple de Jérusalem, lieu des sacrifices d’animaux. L’aigle enfin, l’oiseau des hauteurs, revient à Jean, car il proclame un message très haut sur le Verbe de Dieu.