Les lanternes des mystères

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Les lanternes des mystères

L’église de Grolley possède quelques lanternes, fixées sur le mur droit de la nef. Ces objets témoignent d’une ancienne pratique mariale, qui avait lieu dans beaucoup de nos paroisses. Le mois de mai est l’occasion de la rappeler. 

Le nombre complet des lanternes de Grolley devait être de quinze. Sur chacune est représenté un épisode ou « mystère » de la vie du Seigneur, médité par la pratique des quinze dizaines du chapelet ou rosaire. En français, il est d’usage de dire que le chapelet est l’objet de piété divisé en cinq parties ou dizaines (dix Je vous salue Marie précédés d’un Notre Père et suivis d’un Gloire au Père), et que le rosaire correspond à la récitation de trois chapelets, c’est-à-dire de quinze dizaines. 

La lanterne ci-jointe comporte l’image de l’Assomption de Marie. Certes, le thème concerne plus Marie que son Fils, mais nous ne devons pas la mettre à part de la vie de Jésus. De plus, en elle est préfigurée la destinée de toute l’humanité, associée à la résurrection du Christ. 

La prière du chapelet a diverses origines, liées à la mystique du Moyen Âge. Elle fut fortement encouragée par la création de confréries du Rosaire, sous l’impulsion du dominicain Alain de la Roche (XVe siècle). Elles prirent leur envol à partir de la fondation en 1475 de la confrérie du Rosaire à Cologne. Dans le canton de Fribourg, bon nombre de nos paroisses disposaient de leur confrérie du Rosaire, notamment Belfaux, Courtion et Grolley. 

Dans les processions de la confrérie du Rosaire, on portait quinze lanternes, en l’honneur de quinze mystères de la vie du Christ, médités par 3 x 5 dizaines du chapelet. On pensait à cinq épisodes de l’enfance de Jésus (mystères joyeux), à cinq épisodes de sa passion (mystères douloureux), à cinq épisodes depuis la résurrection (mystères glorieux, dont l’Assomption).  

Ces processions n’existent plus guère chez nous, mais le chapelet est toujours vivant. Le pape Jean-Paul II a même ajouté cinq épisodes de la vie publique du Christ (mystères lumineux), qui bien évidemment n’existaient pas au moment où les quinze lanternes de Grolley furent créées.  

Le mot mystère fait partie du langage religieux et désigne, mais pas exclusivement, les épisodes de la vie du Seigneur. D’après une étymologie, il vient du verbe grec muô, qui signifie « rester muet d’étonnement ». Devant l’œuvre du Seigneur, nous sommes bouche bée, frappés par un si grand amour venant jusqu’à nous. Ce mutisme n’est pas éternel toutefois. Il débouche sur la louange, à l’image de Marie qui médite et qui prie.