Le coq de nos clochers

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Le coq de nos clochers

Plusieurs volatiles se posent sur le toit de nos églises. D’autres en habitent les combles, des chouettes, des faucons, des chauves-souris. Un oiseau les domine tous : le coq. Il n’est pas partout présent, c’est vrai. Chez nous, le clocher de Belfaux en est dépourvu, à la différence des clochers de Courtion et Grolley. 

Au niveau symbolique, le coq fait bien sûr allusion à saint Pierre et à son reniement prédit par Jésus : « Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois » (Marc 14,30). Ce serait une légende toutefois d’attribuer à la trahison de l’apôtre la présence de l’oiseau sur nos clochers. On l’a plutôt choisi pour son chant très matinal.

Des témoignages parlent du rassemblement des premiers chrétiens au chant du coq. A-t-on fixé un coq aux clochers en souvenir de cet antique mode de convocation des fidèles ? A-t-on réemployé en langage chrétien le symbolisme déjà existant de l’animal signifiant la vigilance ? On ne saurait le dire. Les deux raisons ne sont pas forcément contradictoires.

La plus ancienne représentation d’un coq sur un clocher d’église remonte au début du IXe siècle, à Brescia en Italie du nord. C’est le coq de Ramperto (il gallo di Ramperto), du nom de l’évêque de Brescia qui avait ordonné son installation. D’autres vieux coqs ornaient des églises à Rome, Winchester, Westminster, Châlons-en-Champagne, Saint-Gall, Coutances.

Le coq-girouette ne reste pas en place. Il indique la direction du vent. Serait-il versatile ? Non, il illustre plutôt la ténacité devant l’épreuve, autre forme de vigilance. Si la masse est bien équilibrée, c’est le bec du coq qui fait face au vent. Ainsi le chrétien est-il appelé à faire face à toutes les difficultés, sans se lasser. Avec l’aide du Christ, car le coq signifie aussi le Ressuscité qui s’éveille au matin de Pâques.

Ecrite par le poète Prudence, une hymne de la liturgie latine résume la dimension chrétienne du coq alliant la vigilance et la symbolique christique : « Ales diei nuntius / lucem propinquam praecinit ; / nos excitator mentium / iam Christus ad vitam vocat » (L’oiseau qui annonce le jour / Chante la lumière prochaine ; / Déjà nous appelle à la vie / Le Christ éveilleur de nos âmes).