Deux scènes évangéliques de la chaire de Belfaux

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Dans les églises jadis dépourvues de microphones et de haut-parleurs, la chaire servait à faire entendre au mieux la parole du prêtre. L’abat-voix placée en dessus réfléchissait le son vers l’assistance. Mais il s’agissait de parler du Christ et non de soi-même ! A Belfaux, la belle chaire comporte deux reliefs qui accentuent l’appel à la dimension évangélique de la prédication, l’un concerne un épisode de la vie de Jésus, l’autre une parabole qu’il a prononcée. Regardons-les avec attention.

Sur un relief, Jésus discute avec une femme au bord d’un puits. C’est la Samaritaine, venue puiser l’eau au puits de Jacob aux heures les plus chaudes de la journée (Jean 4,1-42). Elle est surprise qu’un homme, un Juif, lui adresse la parole. Il prononce de belles choses sur l’eau qu’il est capable d’offrir, et puis sur le culte rendu à Dieu, qui ne doit plus avoir lieu à Jérusalem (selon la manière juive) ou sur le Mont-Garizim (selon la coutume des Samaritains), mais en esprit et en vérité. De plus cet étranger semble bien la connaître. Il lui dit qu’elle a eu cinq maris et que le sixième avec lequel elle vit n’est pas son mari. C’est bien un prophète. Et bien plus qu’un prophète. Pour la Bible, le chiffre six indique le caractère incomplet par excellence. Il doit déboucher sur le sept, le chiffre parfait. Le Christ est en fait le septième époux, de cette femme et de toute l’humanité.

Sur l’autre relief, habillé à la mode ancienne, un paysan sème du grain. Mais la récolte future est menacée car deux corbeaux s’empressent de manger les grains qui tombent par terre. La scène fait allusion à la parabole du semeur (Matthieu 13,3-23 et parallèles) selon laquelle la Parole de Dieu est reçue par les divers terrains du cœur humain, semblables à des graines jetées sur le chemin et dévorées par les oiseaux, tombées sur des pierres où elles n’ont pas assez de terre pour prendre racine, dans des épines où les plants étouffent, ou dans une bonne terre qui produit cent, soixante ou trente pour un.

 

Les deux reliefs constituent un message pour le prédicateur et les auditeurs. Ils montrent que le prédicateur n’est pas là pour lui-même. Il agit au nom du Seigneur Jésus. Il redit le message de Jésus, avec patience comme à la femme de Samarie. Il essaie d’employer des images et des signes, de même que Jésus parlait en paraboles, pour donner un aspect concret à ce qu’il proclame. Les reliefs sont aussi adressés aux auditeurs : soyez comme cette Samaritaine, disponible à entendre un message qui l’a sauvée. Soyez aussi une bonne terre qui produit du fruit, conjuguant ainsi l’écoute à l’action.