Le saint Crucifix de Belfaux

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Le Crucifix miraculeux


Datant de la fin du XIIIe siècle, le saint Crucifix de Belfaux, célèbre par les grâces obtenues, est l’un des plus anciens du pays. Les reliques qu’il renfermait devaient attirer les pèlerins bien avant l’incendie qui réduisit l’église en cendres vers 1470, mais qui laissa le crucifix « complètement indemne » au milieu et au-dessus des tisons enflammés ». L’authenticité de ce miracle fut reconnue le 2 juin 1478 par Mgr Benoît de Montferrand, évêque de Lausanne, par un acte rédigé en latin et conservé dans les archives de la paroisse de Belfaux.

Ce précieux document fut toujours entouré d’un soin jaloux. C’est ainsi qu’en 1669, les jurés Carrel de Belfaux, Chenaux de Chésopelloz, Cuennet de Grolley et Hayoz de Cormagens sont chargés de la « lettre du saint Crucifix, qu’elle ne se montre à personne que ce soit sans la permission de la paroisse et que tous les quatre soient présents à teneur de leur serment ». La première traduction en français (1688) de ce parchemin est du secrétaire de Fribourg, Antoine de Montenach; elle est conservée aux archives de la paroisse. La plaquette, éditée par la paroisse à l’occasion du 500e anniversaire du miracle du saint Crucifix, comprend une nouvelle traduction du document faite par Mgr Edouard Cantin.

Les reliques
Lors de sa visite en 1478 Mgr de Montferrand procéda à l’inventaire des reliques contenues dans le saint Crucifix: une épine de la couronne du Christ, une parcelle de la vraie croix, un morceau de la croix de saint Pierre, un fragment de la ceinture de la Vierge, des os des saints Maurice et Pancrace, une minime partie du cilice de saint Marc.

Un certain nombre de ces reliques provenaient de Terre Sainte et de Haute Egypte. Mgr de Montferrand ordonna qu’une partie reste dans le saint Crucifix et que le reste soit exposé dans «un reliquaire approprié… pour être l’objet de la constante vénération des fidèles chrétiens»

 

Les pèlerinages
Sitôt le miracle connu, Belfaux vit accourir de nombreux pèlerins venus de toute la Suisse, de la Forêt-Noire et de la France. Croyants fervents et malades venaient implorer avec confiance une guérison. Parmi les témoignages de faveur obtenue figure celui du doyen Delamagne, curé de Belfaux, du 6 février 1649: « …il atteste avoir été guéri subitement de trois maladies mortelles ». En reconnaissance, il fit placer dans la chapelle de Notre-Dame des Roses, à La Corbaz, le beau vitrail qui orne encore l’unique fenêtre du sanctuaire. La Chronique fribourgeoise, manuscrit de 1687, affirme: « …Les grâces que des possédés, des infirmes, des sourds, des boiteux et des aveugles ont obtenues après une neuvaine sont innombrables ». Au XVIIe siècle, les pèlerins venaient si nombreux que plusieurs marchands d’objets de piété, de figurines de cire et de cierges, venus de Romont, d’Estavayer et de Fribourg, se pressaient autour et à l’intérieur de l’église. Mais les pèlerins attiraient également les pauvres qui espéraient récolter quelque aumône. Face à une telle affluence les autorités paroissiales durent nommer des veilleurs de nuit pour effectuer des rondes dans le village, réprimer tout désordre et éviter tout risque d’incendie.

Les processions
Les processions arrivaient nombreuses en pèlerinage à Belfaux, principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles. Quatorze paroisses y venaient officiellement chaque année: «Précédées de la croix, présidées par leurs curés respectifs, escortant les bannières de leurs saints protecteurs, elles arrivaient au chant des litanies ou en récitant le Rosaire». Ces processions avaient lieu surtout les «bons vendredis», soit les vendredis du temps pascal et les trois premiers vendredis de mai et octobre.

Des fidèles portaient d’énormes croix depuis Fribourg, en signe de pénitence, le Vendredi-Saint et ils venaient spécialement à Belfaux en temps de sécheresse pour demander la pluie. En 1675, le pape Clément X approuva la Confrérie du saint Crucifix. D’autres papes – Pie VI, Benoît XV, Clément XI – ont enrichi de grâces les pèlerins du saint Crucifix. Les indulgences qu’ils accordèrent étaient surtout attachées aux visites des «bons vendredis». Cependant sous l’influence des idées rationalistes et révolutionnaires, des sentiments anticléricaux, la tradition des pèlerinages et des processions perdit de sa ferveur et de son importance mais se perpétua néanmoins au XIXe siècle. Elle connut un regain de popularité à partir de 1903, date de la reprise du pèlerinage annuel l’avant-veille de la Pentecôte. Ce pèlerinage fut officialisé en 1923 par Mgr Besson et l’usage de perpétua jusqu’au début des années 1970, Tombés en désuétude pendant une quinzaine d’année, les pèlerinages au saint Crucifix ont été remis à l’honneur par M. le curé Bernard Allaz, lors du 500e anniversaire du miracle, sous forme de processions partant des sept chapelles et oratoire et convergeant vers l’église paroissiale qui abrite le saint Crucifix. Dorénavant ces pèlerinages auront lieu chaque année le vendredi soir précédant la fête de la Pentecôte ou un autre moment de l’année.

Sources
Chronique fribourgeoise du XVIIe siècle; Père A. Dellion. Dictionnaire hist., stat. des paroisses catholiques du cant. de Fribourg, 1884; Abbé S. Dubey, curé de Belfaux, le saint Crucifix, 1924; Fonds propre de M. Paul Perriard; diverses autres sources.

Groupe de recherches historiques de Belfaux (octobre 1986)